Bon, je vais vous parler de moi-même 🙂

Instagram serait pour moi un moyen de rester fidèle à la photographie. J’aime mettre en scène ma vie à travers ces images, j’apprécie ce côté à la fois très honnête, et très factice. Lorsque je regarde les profils des personnes que je suis, je m’y sens bien, ils me donnent à voir de belles images de leur quotidien, des images vraies, parfois réfléchies, parfois très instinctives.

Lorsque je fais une photographie avec mon iPhone, je sais à l’avance quelle fonction elle aura; elle peut-être tout à fait utilitaire et documentaire ou faire office de pense-bête, ou elle peut-être une image plastique. Dans ce cas-ci, soit je pense à cette image avant même de la produire, projetant la composition; soit je me laisse surprendre par les lumières, les objets, les personnes, les autres choses, qui composent l’image à ma place: je n’ai ainsi plus qu’à cadrer et à appuyer sur le bouton.

Instagram me permet aussi de partager mes autres productions avec la communauté. Etant étudiante aux Beaux-Arts (Lyon, France) l’image a une très grande importance pour moi. Montrer ma production m’importe beaucoup. Faire une image de mes images est une chose assez complexe: comment montrer en 2D des images ou objets, comment montrer un point de vue, quel sera le meilleur, comment les gens vont appréhender cette image sous un unique angle qui sera l’unique fenêtre que je leur ouvrirai sur mon travail.

La création de formes, d’objets, d’images est la chose qui me passionne le plus. Je me réveille souvent avec un grand nombre d’images, sortant de mes songes, de mes pensées; mais ce sont aussi les images du quotidien, les petits rituels journaliers, les banalités qui nous entourent et auxquels nous sommes tout à fait habitués qui m’inspirent énormément. C’est dans tous ces petites mondes parallèles que j’aime puiser, que j’aime forger mon imaginaire. J’appréhende la création plastique comme une expérimentation journalière, une excuse pour voir le monde qui nous entoure de manière, plus simple, plus belle, plus étrange, plus inquiétante, plus légère, plus comme ceci ou comme cela: j’aime tout simplement fictionner mon quotidien, le transcender, rendre digne d’intérêt des choses qui d’ordinaire passent inaperçues.

Et c’est pour cela qu’instagram est pour moi un excellent média. Il me permet de donner à voir à une étendue immense de personnes, une vie qui peut-être la mienne, ou celle d’un personnage imaginaire que je mettrai en scène au travers de cette plate-forme: Clotilde Boisrenard. Je ne suis pas en train de dire que tout ce que je publie est faux, fiction et imaginaire, il ne s’agit pas de décors, et de costumes (même si j’aimerais beaucoup), je tente seulement d’expliquer que mes images ne sont que des points de vues complètements subjectifs sur les choses que je croise dans ma vie que je manipule, retourne, contourne pour réinventer une image. Ce petit laïus peut très certainement paraître prétentieux et obscur, mais c’est en écrivant que je parviens à trouver du sens dans mon travail. Il est vraiment difficile de créer des images, de leur donner une direction, une explication valable, de les assumer, de faire en sorte qu’on les prenne au sérieux, que l’on vous prenne au sérieux. Quoi qu’il en soit, il y a une seule chose dont je suis sûre: je veux raconter des histoires, des tas d’histoires, sur des choses qui nous touchent tous, que nous vivons tous.

Lucie Malbéqui
Etudiante aux Beaux-Arts de Lyon

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