Depuis mon enfance, certaines situations, phrases ou événements provoquent dans mon esprit des associations qui me font rire ou sourire toute seule. Je peux très bien me rappeler de nombreuses situations au cours desquelles mon rire énerva grandement les gens qui m’entouraient, parce qu’à part moi-même personne ne pouvait voir, par exemple, l’humour d’une situation, ou même percevoir un petit geste de la manière dont je le faisais. Je prétends toujours que je peux voir au-delà des choses, percevoir quelque chose qui n’est en fait pas là. Il ne s’agit peut-être après tout que de ce que l’on appelle l’imagination. Et si je trouve un petit morceau d’écorce lors de mes marches dans la forêt et que je peux clairement y distinguer la tête d’un chien avec sa gueule grande ouverte, il n’y manque alors que quelques lignes, et l’image dans ma tête se retrouve soudain en face de mon iPhone.
Ma façon de produire de l’art, des photos ou illustrations est donc une occasion absolument magnifique de rendre visibles toutes ces images déformées et ces univers fantastiques qui n’existeraient autrement que dans ma tête. A mon intention, mais aussi bien sûr pour les autres. Et fréquemment, les petits animaux ou créatures les plus splendides se retrouvent ainsi créés. Pratiquement tout un zoo.
Certains sont facilement reconnaissables : le petit canard sorti d’une marguerite que j’avais utilisée pour jouer au jeu enfantin « il m’aime, un peu, beaucoup… », l’escargot portant une feuille d’érable au lieu d’une coquille normale, ou la tortue apparue d’une feuille de basilic qui, réellement, aurait du finir dans ma salade. J’adore faire quelque chose de totalement nouveau à partir de ces petites choses simples
Mais il y a aussi des créatures dont je ne suis pas sûre de ce qu’elles sont censées être. Est-ce que la branche sèche est un chien ou plutôt un crocodile ? Quoi qu’il soit, il semble être de mauvaise humeur. Il est en contraste extrême avec la prune qui saute en l’air de joie, mais personne toutefois ne sait ce qu’elle est. Et puis il y a l’animal avec les longues oreilles fait de graines d’érable, ce pourrait être un lièvre, mais ses dents sont trop aiguisées ! Il s’agit peut-être après-tout d’un wolpertinger.
Mes abonnés sur Instagram venant du monde entier, leurs commentaires à mes illustrations sont parfois très différents. Une image que j’ai publiée récemment, quatre petits boutons roses appartenant à quatre porcelets, a rappelé certains de mes commentateurs des trois petits cochons qui construisaient trois types de maisons différentes et du loup qui soufflait dessus pour les démolir. D’autres ont mentionné une comptine, que je ne connaissais pas, parlant de petits cochons qui vont au marché. Alors que j’avais simplement découvert ces boutons dans une boîte de matériaux d’art à l’école, et pensé qu’ils auraient belle allure sous forme de rang représentant quatre porcelets.
Aujourd’hui j’ai été faire une ballade à vélo avec mon mari et mon plus jeune fils. Alors que nous roulions j’ai du m’arrêter et revenir un peu en arrière parce que j’avais découvert une branche sur un chemin. « Ce bouc doit venir avec nous », dis-je à ma famille, et je plaçais la branche dans le panier de mon vélo. Elle est à présent chez moi sur mon bureau et en ce moment elle me fait un peu penser à un dragon. Je me demande si elle finira un jour par être un dessin dans ma galerie… Soyez les bienvenus pour venir me voir, visitez mon blog, Instagram, Twitter ou Facebook.
Kerstin Hiestermann
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