Porter un regard neuf, inattendu, personnel sur mon environnement. C’est ce que j’espère réussir à chaque fois que j’arrive quelque part. À chaque destination correspondent des images vues et revues un peu partout sur la toile. Ma technique pour éviter de tomber dans ces clichés : photographier hors des sentiers battus.

Aller là où d’autres ne sont pas allés. Rencontrer des gens sur ma route. Explorer des pays inconnus. Visiter des quartiers où il n’y aurait, à priori, rien à voir. Adopter des angles inédits.

Pour avoir trempé dans l’univers du voyage depuis pas mal de temps, je connais les blockbusters du tourisme. Des endroits au potentiel photogénique certain, mais dont le flot d’images qu’ils génèrent a vite fait de reléguer vos photos au rang de déjà vu et de pâles copies.

Face à ceux qui photographient mieux, je préfère photographier autrement. En sortant des sentiers battus, je me différencie. Je vois ce que d’autres n’ont pas vu. Je reviens avec d’autres images.

Les déserts sont une source d’inspiration permanente. Leur immensité rend les doublons dificiles. À chaque heure de la journée, la lumière change et avec elle, le paysage. Insérer quelques détails, une présence humaine, permet de donner une idée de l’immensité et du vide environnant, comme ici, en Mauritanie, dans la région du Tagant.

Les déserts ont un autre avantage. Hostiles, le commun des mortels leur préfère souvent des contrées plus accueillantes, plus accessibles, moins… Désertes !!! Les lignes de fuite qui s’étirent dans ces paysages surréalistes sont souvent très photogéniques. C’est le cas des routes qui sillonnent la région du Karoo, en Afrique du sud.

Photographier hors des sentiers battus offre un autre contact à la population. Alors que là où se pressent les touristes, la photo est souvent synonyme d’intrusion et de voyeurisme, elle devient curiosité et prétexte à  la rencontre là où le visiteur se fait rare. C’est le cas de celle-ci, prise dans les Monts Elbourz, en Iran.

Voyager hors des sentiers battus, c’est également découvrir des endroits qui ne présentent pas véritablement d’intérêt d’un point de vue touristique, mais qui, d’un point de vue photographique, méritent de larges détours. Les mines de charbon de la mongolie intérieure sont un bel exemple de ce genre de surprises qu’on peut trouver au hasard de la route.

Certains événements, masqués par d’autres plus emblématiques, restent confidentiels. C’est le cas du carnaval de Mindelo au Cap-Vert. Surnommé le petit Rio, il est bien plus facile d’accès que son grand-frère brésilien et terriblement photogénique. « Small is beautiful » !

Parfois, il faut laisser les photos venir à soi. Attendre plutôt que courir, laisser venir plutôt que partir à la recherche. Choisir une rue où la vie bat son plein, attendre que quelque chose se passe, rester attentif. Photographier hors des sentiers battus, c’est comme la pêche. Parfois on revient avec de belles prises, parfois on revient bredouille.

« Si vous ne trouvez rien, cherchez autre chose ». Courir les boutiques de souvenirs plutôt que les monuments, faire la chasse aux ateliers ou aux cafés populaires… A Istanbul, le choc des cultures est aussi photogénique que les mosaïques de Sainte-Sophie. Et surtout, bien plus insolite !

Se perdre dans la médina de Ségou, l’ancienne capitale du royaume bambara, et photographier la rue au lieu de mitrailler la mosquée et les tombeaux historiques… Parfois, il suffit de quelques pas pour s’échapper des sentiers battus. Simplement être là où on ne vous attend pas.

Mathieu Mouillet

Mathieu Mouillet est un globe trotter. À pied ou à vélo, il parcourt la planète depuis bientôt 15 ans. Stylos, appareils photos et enregistreurs sont devenus ses compagnons de voyage. Sur ses carnets de voyages hors des sentiers battus, il partage en mots, en sons et en images ses voyages en France et autour du monde.

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