07.01.2016

Contempler l’Atlantique

Rédigé par:
Cédric Dasesson

07.01.2016

Contempler l’Atlantique

Le parfum des pasteis m’accompagne jusqu’à la gare où je vais prendre le train pour Cascais. C’est une journée nuageuse, parfaite pour prendre des photos le long de la côte atlantique.

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Cascais est une ville située à 25 km à l’ouest de Lisbonne, et facilement accessible en train. C’est ma première visite au Portugal et je ne peux rater un voyage le long de la côte.

Lorsque j’arrive à la gare, la plage est quasiment en face de moi. J’ai entendu parler d’un service de location de bicyclettes, où il faut simplement s’inscrire en montrant une pièce d’identité, mais il faut s’y présenter tôt car il y a peu de vélos disponibles et beaucoup de touristes.

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Dès 8:15 h, tout est fait, et je peux utiliser le vélo jusqu’à 18:30 h. Un sac pratique, une serviette, un appareil photo et un trépied pour mes photos à longue exposition et travaillées.

L’air est calme, il n’y a aucun vent ; il n’y a que quelques personnes sur la plage et les centres hôteliers sont prêts à commencer une nouvelle journée d’été, malgré le léger brouillard.

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Mon objectif est clair : réussir à aller aussi loin que possible le long de la côte, en prenant des photos des endroits que je connais seulement grâce à Internet. Il n’y a qu’une façon de réellement comprendre un endroit, c’est d’y voyager soi-même, afin de ressentir les odeurs et les sensations.

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Ayant vu la première plage, celle en face de la gare, ma route m’a fait traverser la ville, aux côtés principalement de piétons, dans des rues étroites. Les couleurs inimitables des azulejos sont absolument à voir. Ces carreaux de céramique sont arrangés de manière caractéristique de façon apparemment aléatoire, attirant l’attention de tous les passants avec leurs couleurs suggestives qui peignent toute la ville pour lui donner une attirance unique.

Débouchant de ces rues étroites, je me retrouve sur une petite plage volcanique, dont la forme circulaire est créée par les falaises entourant toute la ville. Je suis attiré par les voix de deux femmes marchant lentement dans les eaux basses, faisant écho contre les rochers recouverts de végétation, et accompagnées d’une série de reflets qui me rendent encore plus curieux de poursuivre ma randonnée en bicyclette à la découverte de nouvelles sensations. La route continue vers une colline surplombant directement une autre plage sur laquelle des pêcheurs sont de retour avec leur prise quotidienne.

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Le brouillard s’épaissit et le soleil peint une grosse boule au milieu du ciel. Les falaises deviennent plus déchiquetées, tombent plus abruptement dans l’océan, et l’horizon commence à disparaître. Je vois un groupe de personnes marchant vers une volée de marches, en face de l’un des quelques bars sur le chemin. Au pied des marches, la vue est des plus surprenantes : on peut voir l’intégralité de la côte, dans une atmosphère qui la rend presque suspendue dans l’air.

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Continuant ma route, la pente s’accentue et c’est comme vivre dans l’un de ces récits imaginaires dans lesquels le temps s’immobilise et le panorama devient surréaliste, presque métaphysique, enrichi par les formes naturelles inhabituelles combinées aux quelques interventions humaines qui me ramènent à la réalité.

Je réalise que j’aimerais m’arrêter tous les 100 mètres, parce que le paysage change continuellement, mais j’essaye de limiter ces arrêts au strict nécessaire.

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Imaginez une longue route, où chaque panorama sur l’océan possède son propre chemin creusé dans la roche, racontant l’histoire d’un lieu qui est totalement différent de celui qui le précédait.

L’une de ces crevasses dans le rocher me conduit vers une volée de nombreuses marches. Je soulève mon vélo sur mes épaules et je descends ce chemin étroit. Lorsque je parviens en bas, je me retrouve en face d’un portail en fer rouillé et couvert de sel séché. Je regarde vers le bas et voit que le chemin continue au-dessus d’une série infinie de rochers, et duquel je peux observer la côte, en la surplombant.

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_MG_0774Mon obsession avec les côtes et la mer est une nouvelle fois renforcée par cette scène étonnante.

Tout est calme, de la même manière que j’ouvre calmement mon trépied, sur lequel je monte mon appareil photo. Le cliché est pris avec une longue exposition, saisissant le mouvement des quelques vagues avec une prédominance de couleurs en basse saturation, à cause de la lumière douce créée par le brouillard.

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Le parcours que j’imaginais prenait un aspect inattendu, non seulement en termes de curiosité mais aussi en direction d’un monde de conte de fée.

Les rochers de plus en plus sombres et déchiquetés deviennent dans mon esprit, une série de grandes vagues.

Je perds le sens du temps dans le brouillard qui devient si épais que je peux à peine voir à deux mètres. Je continue jusqu’à ce que j’atteigne un paysage constitué entièrement de rochers à pic vers l’océan et la plage.

Je continue vers le bas, les vagues grossissent mais il n’y a toujours pas de vent.

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Je saute dans l’océan froid pour un moment de repos froid et calme. Derrière moi, les grands rochers que j’ai descendu se transforment en formes fantastiques de gueules d’animaux sculptées par l’océan.

J’ai été si saisi par mes émotions que l’heure du déjeuner est passée depuis bien longtemps.

Je marche à la recherche d’un endroit où m’arrêter et manger quelque chose, et c’est seulement alors que je remarque que la côte devient plus petite, faisant place à des plages et à des dunes de sable qui, combinées au brouillard, créent une sensation de paix.

Je regarde l’océan, dont les vagues dessinent des formes ressemblant presque à des peintures abstraites sur cette bande jaune vif.

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Je n’ai que le temps de manger, et c’est le moment de revenir. Plus je me rapproche de la ville, plus le soleil illumine ce jour qui a été jusqu’alors si maussade. J’arrive à la gare, où je remarque que la ville est remplie de touristes depuis le matin, et ils sont tous dans l’eau pour se rafraîchir de la chaleur que je n’ai pas senti plus tôt.

Les trajets de retour sont toujours tristes, mais c’est peut-être là la beauté des voyages : les souvenirs des sensations et les photos prises sont ce qui reste.

Je ne connais pas les noms de ces plages et des lieux que j’ai visité, peut-être parce que je n’ai jamais eu d’intérêt à les connaître. J’emporte avec moi la certitude d’avoir visité des lieux que je n’aurais jamais pu imaginé.

Je voulais vous raconter cette histoire, non seulement pour partager mes sentiments avec vous, mais aussi pour vous faire comprendre à quel point il est important de voir les endroits de ses propres yeux et de les interpréter via l’utilisation de votre appareil photo.

Il n’y a pas de livre d’instructions pour prendre des photos de vos voyages : c’est à vous de saisir les détails et les particularités.

Avec cet article, j’ai partagé avec vous mon obsession pour l’océan qui a envahie les histoires que je raconte, et j’espère que vous pourrez utiliser cela comme inspiration pour vos voyages ou projets futurs.

Cédric Dasesson

Italien

Photographe professionnel dont les études en architecture ont provoqué la redécouverte de son amour pour son pays natal. Ceci l’a conduit à entreprendre un long voyage dans le domaine de la photographie abstraite et architecturale des paysages, particulièrement sur l’eau ou en mer, et à raconter des histoires faites d’éléments simples.
Son canal de publication principal est Instagram, au moyen duquel il travaille avec différents magazines et marques internationalement reconnus.

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